« Si on t’embête mon garçon : tu cognes, comme un vrai mec ! Ne te laisse jamais faire. Tu frappes, c’est le seul moyen de te faire respecter, fiston ! - Ne t’en fais pas, papa. Je connais la leçon : si je ne veux pas me faire marcher dessus, je dois marcher sur les autres. C’est la loi du plus fort. - C’est bien fiston ! ahah, t’es un bon gaillard, je suis fière de toi. Si ta grande sœur avait été un homme comme nous, elle aurait été la victime de tous les garçons de son âge avec ses idéaux et ses principes à la noix. Tu sauves l’honneur, Harvey. T’es un bon gars ».
J’ai souvent pensé que mon père devait être dotée d’une intelligence inférieure à la moyenne, ou était le chaînon manquant : mi-homme, mi-bête, on l’aurait presque pris pour un primate enragé dès qu’il regardait un match ou parlait de sports avec mon frère. Finalement, je pense que le plus stupide reste ce-dernier qui, malgré l’exemple pitoyable de notre paternel, veut au plus profond de lui, lui ressembler. Dès que ces deux idiots se mettaient à communiquer en bruits étranges et gestes brusques, je m’amusais. J’observais un spectacle digne d’un zoo, surtout lorsque mon père s’énervait. Tout boursoufflé, tout rouge et à moitié essouflé, il ne réussissait pas à sortir un seule et unique phrase ayant un tant soit peu de sens. C’était d’un ridicule, mais d’un comique, sans précédents. La seule personne qui valait vraiment la peine de s’intéresser à elle, c’était ma mère. Elle avait été élevé dans le respect de la nature et des hommes, dédaignant toute forme de violence, et convaincu qu’il y avait du bon dans tout être humain. Un exemple de sagesse qui, par je ne sais quelle opération mystique de l’univers, avait réussi à trouver du bon chez son ignare d’époux.
Plus je grandissais, plus j’haïssais mon père, et je me faisais haïr par lui. Et par mon frère. Et même ma mère, parfois, lorsque j’enfumais la maison malgré leurs ordres de « ne pas fumer à la maison pour ne pas donner le mauvais exemple à Harvey ». J’avais une bande d’amis qui me ressemblaient et partageaient ces mêmes idéaux que mon père jugeait de « totalement cons, carrément impossibles et utopiques, de malades mentaux, de paumés de la vie, de connards de drogués à la libido surélevée, de catains et de gigolos totalement stones, de déchéance, de ratés qui se retrouveront tous à Woodstock ».
Woodstock, trois jours de paix et de musique.
« J’aimerais y aller. - Tu resteras à la maison, ton frère a un match en plus, je te l’ai déjà dis. - Je veux aller à ce festival. - Jamais, Sillie, oublie. - Mais, ce n’est pas … - OUBLIE ! ».
Je me demande bien ce qui est le plus idiot : d’avoir pu croire que mon père changerait d’avis ou d’avoir remis ce sujet au tapis en sachant qu’il n’était qu’un vieil ignorant. Mais je remercie dieu (s’il existe, ou du moins ce qui s’en approche) de m’avoir donné pour père un homme intolérant, bourru, raciste, grotesque mais vaniteux, prétentieux, au point de croire qu’il savait tout et connaissait la vie, bien qu’il n’ait rien vécu. Il croyait, et on le laissait croire, que ses pensées étaient justes et vraies, qu’il détenait le savoir absolu et qu’on finirait tous, tôt ou tard, à partager ses idéaux et ses principes. S’il pensait que les hippies étaient une bande de junkies lobotomisés, ma mère, mon frère et moi-même finirions par le croire également. Ainsi, alors que je ne voyais que la fugue comme moyen d’aller à ce festival, mon paternel prit une décision dont je ne le croyais pas capable. Une décision contraire à sa personnalité.
« Siloé, écoute bien. Je sais que ce mouvement hippie est néfaste et mauvais pour la planète. Mais tu ne t’en rends pas compte, malgré ce que je peux dire. Alors, j’accepte que tu ailles à Woodstock, tu verras par toi-même la déchéance et la honte. Tu les verras tous avec mes yeux, et tu te diras qu’ils sont condamnés, tous, ces gamins sans aucune fierté, qui ne font que foutre la merde juste parce qu’ils sont mécontents du monde dans lequel ils vivent ».
Que mon père prenne cette décision semblait irréaliste, tout autant que de marcher sur la lune, et pourtant. Savait-il utilisé cette grosse masse compliquée située au sommet du corps humain plus connu sous le nom de « cerveau » ? Si c’eut-été le cas, cette découverte aurait mérité de faire la une du plus grand journal. Mais ce n’était pas le cas, je le su plus tard. Dieu n’existait peut-être pas, peut-être que mon paternel n’avait pas encore trouvé le mode d’emploi de sa tête, mais j’avais une bonne fée. Je lui parlais souvent, présente sur Terre, je l’appelais « maman ».
« Ah, Sillie. Sache que je déteste manipuler les hommes et les femmes, ce n’est pas mon genre, c’est malsaint. Mais je ne pouvais accepter ce refus de ton père. Ce festival est une chose merveilleuse, une chance pour toi. J’aurais eu ton âge, j’y serais allée. Pourquoi pas toi ? Ton père est influençable. Il a fallu que je fasse semblant d’être de son côté. Il est persuadé d’avoir raison, de ce fait, je lui ai dis qu’il faudrait que tu sois confronté à ce type de personnes et d’environnement pour te montrer le « côté néfaste des hippies ». Il a donc accepté que tu y ailles, croyant vraiment que tu te rendras compte du monde épouvantable qu’est ce festival. Mais, Sillie, je n’ai qu’une chose à te dire : Prépare toi pour Woodstock. ».
By the time we got to woodstock We were half a million strong And everywhere there was song and celebration And I dreamed I saw the bombers Riding shotgun in the sky And they were turning into butterflies.
« From now on, this is a free concert ! » Woodstock prenait des proportions innatendues et personne ne semblait pouvoir stopper ces milliers de jeunes marginaux qui débarquaient les uns après les autres suite à une grande traversée de l’Amérique pour les plus éloignés. Plus de limites, plus de prix, plus de règles. Une liberté totale, où chacun était maître absolu de lui-même. Nous étions la personne que nous voulions, nous n’avions plus à être quelqu’un d’autre. Notre vraie nature était révélée, car nous savions qu’ici, nous pouvions le faire, que nous serions tolérés. Nous faisions l’amour, car c’était naturel. Une attirance, une alchimie, une pulsion dictée par mère nature. Cela aurait été un affront que de ne pas y succomber. L’insouciance et la légèreté planaient, nous planions aussi d’ailleurs. Woodstock était une libération de l’âme et de l’esprit, un festival fabuleux pour moi, pauvre marginale m’étant toujours sentie folle parmi les fous. Maintenant, j’avais trouvé ma place. Maintenant, je me sentais épanouie. Je pouvais, à présent dire que j’existait.
The first day. Le vraie premier jour de ma vie fut celui où je mis les pieds à Woodstock. Ce fut comme une renaissance de voir tous ces hippies, toutes ces couleurs, toute cette foule étendue devant moi, occupant le terrain qui allait subir le plus grand évènement du siècle. Le monde n’avait aucune limite. Au diable toute cette misère, toute cette tristesse, tous ces gens malheureux et blasés qui se droguent aux informations télévisés espérant entendre une bonne nouvelle mais qui ne voit que des atrocités. Au diable ces militaires acharnés, armes à la main, prônant la violence, le mal. Au diable la guerre du Vietnam. Moi, je vivais. Les autres spectateurs également. Nous, nous avions trouvés le paradis terrestre, un paradis que nous ne voulions pas quitté. Nous ne pensions pas à la fin, nous vivions l’instant présent. Nous ne pensions pas à grand-chose à vrai dire, la réalité n’était plus qu’un concept, une chose lointaine qui me disait vaguement quelquechose mais que je n’arrivais pas à comprendre. J’étais, dès le premier jour, déconnectée et je le fus jusqu’au dernier. La faute aux drogues.
Je ne cessais de voir de nouveaux visages, de nouvelles personnes. Je passais de bons moments avec certains d’entre eux. Ici, nous partagions tous, absolument tous. Nourriture, boisson, produits douteux. Ce qui m’appartenait, appartenait aussi aux autres. Et vice-versa. J’aimais ce principe, le partage. Fini l’individualisme, l’entraide était une bonne chose. Certains visages me marqueront, je pense, à jamais. Certains gestes aussi. Certaines situations. Comme cet homme et cette femme qui dégageaient une force surhumaine. Ils étaient quasi-irréèls. Ils jouaient de la guitare et chantaient, comme beaucoup de monde, mais ils étaient différents. Je ne saurais expliquer. Ou bien cette femme enceinte jusqu’aux yeux, allant bientôt accouchés dans les jours à venir d’un enfant né au beau milieu du festival de Woodstock.
Dérisoire, sans importance, dénué de sens. A côté de cet évènement, tout paraissait inutiles et idiots. Je n’avais rien à envier aux autres personnes. Je ne remercierai jamais assez ma mère pour avoir manipuler si bêtement son mari, accessoirement mon père. « Des centaines d'hectares à parcourir. Promène-toi pendant trois jours sans voir un gratte-ciel ou un feu rouge ». Je vivais une aventure merveilleuse, inoubliable. Je planais, j’existais, j’étais moi. Je trouvais enfin une communauté me ressemblant, nous n’étions plus seuls, mes amis et moi, à partager ces magnifiques idéaux absolument fantastiques. Nous étions vraiment importants et convaincus que nous changerions le monde. Que nous étions les sauveurs, la voix de la raison. Peut-être étions-nous prétentieux, mais au moins, nous allions faire changer les choses. Nous étions le futur, mais nous vivions l’instant présent.
Je ne me cachais plus, je montrais ma vraie personnalité. Fini le jeu, plus besoin de me cacher, de cacher mes principes. Je les affichais à coup de « peace & love », « make love, not war ». Je planais à coup de LSD. La révolution psychédélique, une nouvelle perception grâce à l’usage des drogues. La liberté, l’amour, le refus de l’autorité, la musique. Joni Mitchell, Jimi Hendrix, Janis Joplin. La fraternité, l’entraide. Exit le matérialisme, la guerre, la violence. La paix. Vivre en paix. Vivre ensemble, vivre en paix. Refuser l’autorité, toute sorte d’autorité. Refuser l’autorité de l’état, judiciaire, paternelle. Refuser de retourner vivre chez moi quand mon paradis terrestre prendra bel et bien fin. Mon père n’aura, dans sa vie, jamais eu raison.
• EH, I ALMOST FORGOT.
- drugs are my religion. J’aime me sentir planer, consommer différentes drogues, repousser mes limites. J’aime cette idée de recherche de « nouvelles perceptions du monde » grâce aux drogues. Les drogues, c’est ma came, c’est mon truc. - again violence and authority. Je ne veux plus qu’on m’impose quoi que se soit. Mes décisions, je les prend seule, personne n’a son mot à dire, personne ne pourra jouer de son autorité envers moi. Ça ne prendra pas. Si, pour se faire entendre, il utilisera la violence, ce sera peine perdue. Je n’accepte aucune forme d’autorité, aucune forme de violence. Je suis dans mon monde, qu’on m’y laisse. – change the world. Peut-être suis-je trop naïve, mais je suis convaincue que nous pouvons faire changer le monde à coup de manifestation, de sitting, et autres. Evidemment, tout doit se passer pacifiquement. J’aime manifester, montrer mon opinion et essayer de la faire comprendre. La guerre ne fera que tout empirer, place à la parole et aux concessions. – live in the fresh air. Insouciance et irresponsabilité sont les maîtres mots pour ne pas devenir une adulte blasée et triste comme la majorité des adultes de ce monde. Comment profiter des belles choses de la vie si on fait tout un pataquès de ces choses totalement futiles mais que la responsabilité rend importantes ? Je vivrais comme bon me semble, je ne me poserais pas de questions sur mon futur. Je verrais bien où ma barque me mènera.- Joplin and Mitchell are my goddess. Je suis fan de Janis Joplin et Joni Mitchell. Elles dégagent quelque chose, je les adore. Mon père ne pouvait les supporter et je pense, qu’inconsciemment, c’était un point fort pour elles.
• NOW, I'M LIKE THAT.
Pseudo : Anette. Âge : Dix sept ans. Avatar : Sienna Miller. Commentaire : WOODSTOCK, 1969, FLOWER POWER J'ai loupé mon époque, et ce forum est génial Code : Make love, not war.
Dernière édition par Siloé Abrahams le Dim 30 Aoû - 15:40, édité 10 fois
Thaddius Cottrell
Messages : 114 Date d'inscription : 24/08/2009 Copyright : FoX
Sujet: Re: ABRAHAMS Siloé; with flowers in my hair. Mer 26 Aoû - 8:07
Bienvenue ! Enfin une Sienna, après plusieus qui ont failli Nous faudra un lien, obligé, vu que sur les photos hippie de mon perso, y'aura le tien à coté
Sujet: Re: ABRAHAMS Siloé; with flowers in my hair. Mer 26 Aoû - 20:03
Bienvenue
Siloé Abrahams
Messages : 7 Date d'inscription : 26/08/2009
Sujet: Re: ABRAHAMS Siloé; with flowers in my hair. Ven 28 Aoû - 20:08
Merci beaucoup pour cette bienvenue Thaddius : Evidemment qu'il nous faut un lien! Nous ne pouvons pas faire sans, car comme tu le dis (et comme on le voit d'ailleurs) Sienna a un style hippie aux côtés de Cillian Murphy Charlie : Pauvre Sienna, elle sera poursuivie à jamais par cette histoire...
Et désolée de ne pas avoir été très présente depuis mon inscription, mais je n'étais pas chez moi. Mais, maintenant, je suis là et je vais commence ma fiche
Ariel Johannesson
Messages : 18 Date d'inscription : 25/08/2009 Copyright : Moi-même. Musique : Pitbull - Room Service.
Sujet: Re: ABRAHAMS Siloé; with flowers in my hair. Ven 28 Aoû - 20:10
Bienvenue .
Siloé Abrahams
Messages : 7 Date d'inscription : 26/08/2009
Sujet: Re: ABRAHAMS Siloé; with flowers in my hair. Dim 30 Aoû - 16:17
Ariel. Sur ce, je pense pouvoir dire que j'ai enfin terminé ma fiche